Vous verrez sans doute le cirque du Litor apparaître dans le programme de nos randonnées à cheval dans le Val d’Azun… Et pour cause ! En plus d’être un merveilleux itinéraire équestre et une pause de bivouac idéale, le paysage, les femmes et les hommes qui font vivre cette montagne racontent un morceau de pyrénéisme !
A seulement 20 min d’Argelès gazost avec les véhiciles à moteur et à une bonne journée à cheval de notre ferme équestre à Arras en Lavedan, le cirque du Litor vaut la randonnée à cheval !
Réveil au coeur de la montagne du Val d’Azun
Les vaches abondances et brunes pâturent paisiblement le long de l’Ouzom qui prend sa source un peu plus haut dans le cirque. Les bêtes de Jacqueline et Jean Biradom choisissent les herbes et fleurs que le début de saison d’estive leur inspire. Tout semble immuable, statique, telle l’image de la carte postale…
Pourtant ce matin à 6h00 alors que mes yeux commencaient à bien vouloir deviner les contours des falaises au dessus de moi, j’ai en entendu tinter les cloches des vaches… Puis s’est élevé le son du groupe électrogène, discret derrière les remous de la rivière… C’est l’heure de la traite. Les éleveurs ont ouvert les portes de l’étable d’altitude et le lait est récolté… Je saisis l’ambiance de l’étable avec les bêtes qui ruminent tranquillement , receuillant quelques caresses au passage !
Ce lait servira à fabriquer des tommes, plus tard dans la matinée, au village d’Arbeost.
Pendant ce temps, nous autres campeurs, prenons le temps de petit déjeuner aux premiers rayons du soleil qui passent par dessus le col de Saucède…
Rencontre avec les bergers
Mes yeux caressent les pentes abruptes… Hier soir Jeannot nous a raconté les avalanches qui secouaient l’hiver le cirque. Litor désigne d’ailleurs des pentes coupées de couloirs d’avalanches…
Jean fait du fromage ici depuis ses plus jeunes années. La grange où il venait avec sa famille traire les vaches était collée aux paroies sud… Ainsi la cabane était plutôt protégée des avalanches ! Mais régulièrement d’autres édifices faisaient les frais de ces mouvements hivernaux… Au printemps, il montait traire les vaches avant de redescendre sur les bancs de l’école… Son visage souriant raconte cette vie au rythme des bêtes et de la nature, le rythme humain se mêle à celui de la montagne entre rudesse et beauté ; cycle d’une saison, d’une journée, d’une vie.
Il y a quelques années la commune a participé à la restauration des bergeries et étables d’altitude dans l’estive du Litor et des granges en bardeaux et tavaillons ont été construites s’intégrant parfaitement au paysage, assurant plus de confort aux éleveurs et aussi des conditions sanitaires plus strictes… Quand aux avalanches, elles se font plus rares car les hivers sont bien moins rigoureux !
Avec les yeux pétillants , les histoires ont continué autour d’un petit coup de rouge hier soir. Je trouve ces instants précieux. Ceux où la vie se raconte, par bribes, après la journée de travail… Je suis reconnaissante à Jacqueline et Jeannot de prendre le temps de s’intaller quelques minutes avec nous après leur longue journée pour partager un moment… Alors que les vaches repartent librement choisir leurs brins d’herbes préférés.
Du col du Soulor au col de l’Aubisque
Hier soir on parlait de cette route qui barre la falaise. Cette route en corniche fût construite sous l’impulsion de Napoléon 3 à partir de 1860 pour relier Argeles Gazost à Eaux Bonnes par le col du Soulor et le col de l’Aubisque pour les besoins du tourisme thermal.
Les anecdotes ont tourné autour de chargements de melons échoués au bas des falaises , de carcasses de voitures, de quelques histoires de trafic …
Je continuais d’observer ce coin de montagne isolée. Le grand Gabizos ferme le cirque côté sud. Les cols de Saucède et du Soulor sont les seuls accès au val d’Azun auquels sont rattachés les villages d’Arbeost et Ferrières situés en contrebas du cirque au Nord. L’Ouzom poursuit son cours par la vallée mais des gorges étroites ont longtemps rendu l’accès impossible entre ces deux villages et le bas de la vallée vers le village d’Arthez Asson en Béarn.
Quand à la route qui relie le col du Soulor à Arbeost, elle n’a été construite… qu’en 1980 !! Autant dire que cela fait longtemps que les intérêts des touristes aisés ( thermalisme au 19 ème siècle) ont été privilégiés par rapport à l’amélioration des conditions de vie des paysans et des ouvriers !
Et des ouvriers il y en avait également dans la vallée en raison des mines de fer de baburet qui ont contribué à l’ouverture de la circulation entre Ferrière et le bas de la vallée.
Poursuivre son chemin, à cheval
Voilà … Il est l’heure de repartir à cheval ! Le cirque du Litor est une superbe étape cavalière depuis Le lavedan.
Et comme chaque montagne que nous traversons , l’histoire se mêle aux paysages, l’intime des espaces naturel à la gestion politique des territoires, l’humain au sauvage … La vie, intense, belle et rebelle !
Vivement la prochaine balade….